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détails du jour des révérences pour le deuil du feu roi, où, disait-on, la reine avait indécemment éclaté de rire au nez des duchesses et des princesses sexagénaires qui avaient cru devoir paraître pour cette cérémonie.

Le roi et les princes ses frères s’étaient décidés à profiter des avantages de l’inoculation, pour se préserver de la funeste maladie qui venait de faire succomber leur aïeul ; mais l’utilité de cette nouvelle découverte n’étant pas alors généralement reconnue en France, beaucoup de gens à Paris furent très-alarmés du parti que venaient de prendre les princes ; ceux qui le blâmèrent hautement se plurent à en rejeter tout le tort sur la reine, qui seule avait pu, disait-on, se permettre de donner un conseil aussi téméraire, l’inoculation étant déjà établie dans les cours du Nord. Celle du roi et de ses frères, faite par le docteur Jauberthou, eut heureusement un succès complet.

Le voyage de Marly, lorsque l’état de convalescence fut entièrement établi, devint assez gai. On fit beaucoup de parties de cheval et de calèche. La reine eut l’idée de se donner une jouissance fort innocente ; jamais elle n’avait vu le lever de l’aurore : comme elle n’avait plus d’autre permission à obtenir que celle du roi, elle lui fit connaître son désir. Il consentit à ce qu’elle se rendît, à trois heures du matin, sur les hauteurs des jardins de Marly ; et malheureusement, peu porté à partager ses plaisirs, il fut se coucher. La reine suivit donc son idée ; mais