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Mesdames. La plus affable de ces trois princesses était madame Victoire ; aussi était-ce chez elle que Marie-Antoinette aimait à venir habituellement. Elle y rencontrait presque toujours mademoiselle Genet ; ses talens, joints à la conformité d’âge, attirèrent l’attention de Marie-Antoinette. Souvent mademoiselle Genet l’accompagnait sur la harpe ou sur le piano, quand elle voulait chanter les airs de Grétry. La dauphine assistait aussi fréquemment aux lectures qui se faisaient chez la princesse ; elle appréciait déjà l’onction du Petit Carême, ou la brillante imagination d’un poëte qui consacra plus tard des vers touchans à ses malheurs.

À la cour, où la faveur conduit à la fortune, on remarqua la bienveillance dont Mesdames et la dauphine honoraient mademoiselle Genet. On parla de l’établir, et bientôt après elle épousa M. Campan, dont le père était secrétaire du cabinet de la reine[1]. Louis XV dota la mariée de 5,000 liv. de rentes, et la dauphine, en lui assurant une place de femme de sa chambre, voulut bien

  1. MM. Campan, originaires de la vallée de Campan, dans le Béarn, en avaient pris le surnom. Leur nom véritable était Berthollet. Le célèbre chimiste que les sciences viennent de perdre, en 1822, était leur parent. Je trouve dans les manuscrits que j’ai sous les yeux un trait bien honorable pour son caractère.

    « Du côté des Berthollet, dit madame Campan à son fils, dans un écrit destiné à son instruction, un des membres les plus distingués de l’Institut doit être de la même famille ; mais par dignité et par éloignement pour les gens qui approchaient la cour et qui étaient en faveur, il dit à Paris, en 1788, à plusieurs personnes, qu’il était parent d’un Berthollet Campan, placé près de la reine à Versailles, mais qu’il n’était point disposé à l’aller entretenir de sa parenté, dans la crainte de passer pour un adorateur du crédit et de la fortune. Mon avis, ajoute madame Campan, eût été d’aller au-devant d’un homme qui montrait un carac-