Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ajouter à l’intérêt mélancolique qu’inspire cette belle production.

En avouant, avec la sincérité dont je ne m’écarterai jamais, que la reine n’a donné d’encouragement direct qu’au seul art de la musique, j’aurais tort de passer sous silence la protection qu’elle et les princes frères du roi ont accordée à l’imprimerie[1].

On doit à Marie-Antoinette une superbe édition in-quarto des Œuvres de Métastase ; à Monsieur, frère du roi, le Tasse, in-quarto, orné de gravures faites d’après les dessins de Cochin ; et à M. le comte d’Artois, une petite collection d’œuvres choisies, et considérée comme un des chefs-d’œuvre sortis des presses du célèbre Didot.

  1. Le roi lui-même voyait avec intérêt les productions d’un art utile aux lettres. Ce prince donna, en 1790, une preuve de sa bienveillance particulière pour le commerce de la librairie. On trouve les détails qu’on va lire dans un ouvrage qui parut à cette époque.

    « Une société des plus forts libraires de Paris, se trouvant à la veille de suspendre ses paiemens, parvint à présenter au roi le tableau de sa triste situation. Le monarque en fut attendri ; il daigna prendre sur sa liste civile les sommes dont cette société avait besoin au moment même, et cautionna pour l’avenir celles qui lui étaient nécessaires pour compléter les douze cent mille livres qu’elle désirait emprunter. Louis XVI écrivit de sa main à M. Necker, alors son ministre des finances, la lettre qu’on va lire  :

    « L’intérêt que m’a inspiré le sort des libraires associés, et celui des nombreux ouvriers qu’ils emploient tant à Paris qu’en province, et qui auraient été sans ouvrage sans un prompt secours (la caisse d’escompte et d’autres capitalistes,