Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/220

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régiment des gardes-françaises. La reine en fit pourvoir le duc du Châtelet ; voilà comme se forment les implacables haines. Le duc de Biron s’attacha aux intérêts du duc d’Orléans, et devint un des plus ardens ennemis de Marie-Antoinette[1].

J’ai de la répugnance à défendre la reine avec trop de détails sur deux points d’accusations infâmes dont les libellistes ont osé grossir leurs feuilles empoisonnées. Je veux indiquer les indignes soupçons d’un trop fort attachement pour le comte d’Artois, et les motifs de la tendre amitié qui exista entre la reine, la princesse de Lamballe et la duchesse de Polignac. Je ne crois point que M. le

  1. Les Mémoires du duc de Lauzun, encore manuscrits à l’époque où madame Campan composait les siens, ont été publiés depuis. Ils furent écrits par le duc de Lauzun, à la sollicitation d’une femme dont on vantait, à juste titre, l’esprit, la grâce et la beauté, madame la duchesse de Fleury, fille de M. le comte de Coigny. L’édition qui a paru ne contient point l’anecdote de la plume de héron. Est-ce réserve de la part des éditeurs ou lacune dans le manuscrit sur lequel ils ont imprimé ? Quoi qu’il en puisse être, nous en possédons un qui raconte cette anecdote en détail, et nous n’hésitons pas à la publier (lettre O). Aujourd’hui que la version donnée par madame Campan dément celle du duc de Lauzun ; aujourd’hui que l’on connaît son caractère avantageux, son amour-propre et sa fatuité, ce qu’il dit peut conserver encore quelque malignité, mais ne saurait avoir aucun crédit. On n’y voit plus que les insinuations fausses et méprisables d’un présomptueux trompé dans son espoir, et dont la vanité blessée cherche une vengeance indigne d’un galant homme.
    (Note de l’édit.)