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comte d’Artois, dans les premières années de sa jeunesse et de celle de la reine, fut, comme on l’a dit, très-épris de la beauté et de l’amabilité de sa belle-sœur ; mais je puis affirmer que j’ai toujours vu ce prince à une distance très-respectueuse de la reine ; qu’elle parlait de lui, de son amabilité, de sa gaieté avec cet abandon qui n’accompagne jamais que les sentimens les plus purs, et que tout ce qui environnait la reine n’a jamais vu, dans l’affection qu’elle témoignait à Mgr. le comte d’Artois, que celle d’une tendre sœur pour le plus jeune de ses frères. Quant à la liaison intime de Marie-Antoinette et des dames dont je viens de parler, elle n’eut jamais et ne pouvait avoir d’autre motif que le désir très-innocent de s’assurer deux amies au milieu d’une cour nombreuse : mais malgré cette intimité, le ton de ce noble respect que portent à la majesté royale les personnes du rang le plus élevé, ne cessa jamais d’être observé[1].

La reine, très-occupée par la société de madame de Polignac et par la chaîne des plaisirs qui se succédaient sans cesse, trouvait, depuis quelque temps, moins de momens à donner à l’abbé de

  1. Ce témoignage est confirmé par un historien dont on lira certainement avec intérêt le morceau suivant :

    « On aura occasion de rapporter quelques fragmens de lettres où l’on pourra prendre une idée de l’étroite amitié qui unissait la reine et la duchesse de Polignac. On se borne pour le moment à rapporter le billet suivant que la reine écrivit à la duchesse, en