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portés à un prix si ridicule, que les fagots brûlés dans les fossés paraissaient avoir exigé la destruction d’une forêt entière. La reine, prévenue de ces bruits, voulut connaître exactement ce qu’il y avait eu de bois consumé : l’on sut que quinze cents fagots avaient suffi pour entretenir le feu jusqu’à quatre heures du matin.

L’empereur quitta la France après un séjour de quelques mois, et promit à sa sœur de venir encore la voir.

Tous les officiers de la chambre de la reine avaient eu, pendant le séjour de l’empereur, beaucoup d’occasions de le servir ; on s’attendait qu’il ferait des présens avant son départ. Le serment des charges portait positivement qu’on ne recevrait jamais aucun don des princes étrangers ; on convint alors qu’on commencerait par refuser les présens de l’empereur, en demandant le temps nécessaire pour obtenir la permission de les accepter. L’empereur, probablement instruit de cet usage, dégagea tous ces honnêtes gens de l’embarras de se faire relever d’un serment. Il partit sans faire aucun présent.

Madame la comtesse d’Artois avait déjà deux enfans, et la reine n’avait pas même encore l’espoir de donner des héritiers au trône. On s’entretenait tout bas des obstacles qui avaient pu long-temps s’y opposer. Enfin, vers les derniers mois de 1777, la reine, étant seule dans ses cabinets, nous fit appeler, mon beau-père et moi, et, nous pré-