Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/247

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par la sécurité que donne une conduite sans reproches, ne voulut point croire aux fatales conséquences qu’elles devaient nécessairement avoir. Ce fut un grand malheur ; car, outre les désagrémens qu’elle en éprouva, il est bien probable qu’elles ont donné l’idée du mauvais roman qui occasiona la funeste erreur du cardinal de Rohan.

Après avoir joui près d’un mois de ces promenades de nuit, la reine voulut avoir un concert particulier dans l’enceinte de la colonnade où se trouve le groupe de Pluton et de Proserpine. On plaça des factionnaires aux entrées de ce bosquet, et la consigne était de n’admettre dans l’intérieur de la colonnade qu’avec un billet signé de mon beau-père. Les musiciens de la chapelle, et les musiciennes de la chambre de la reine y donnèrent un fort beau concert. La reine s’y rendit avec mesdames de Polignac, de Châlon, d’Andlau ; MM. de Polignac, de Coigny, de Besenval, de Vaudreuil : il y avait aussi quelques écuyers. Sa Majesté me permit d’assister à ce concert avec quelques-unes de mes parentes. Il n’y eut pas de musique sur la terrasse ; la foule des curieux, éloignée par les factionnaires qui gardaient l’enceinte de la colonnade, se retira très-mécontente, et les plus révoltantes calomnies circulèrent au sujet de ce concert particulier[1].

  1. Cette anecdote est de même odieusement dénaturée dans le recueil infâme de Soulavie ; et cet ouvrage en six volumes est mal-