Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/248

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Beaucoup de gens auraient voulu jouir de ce concert nocturne qui en effet fut très-agréable. Le petit nombre de personnes admises occasionna sans doute la jalousie, et fit naître des propos offensans, recueillis avec avidité dans le public. Il est très-essentiel de savoir à quel point les démarches des grands méritent d’être calculées. Je ne prétends point ici faire l’apologie du genre d’amusement que la reine se permit tout cet été et l’été suivant ; les conséquences en ont été si funestes, que la faute sans doute a été grave. Les suites vont le prouver : je ne les tairai point ; mais on peut croire à la vérité de mes récits sur la nature de ces promenades.

Lorsque la saison des promenades du soir fut terminée, d’odieux couplets se répandirent dans Paris : la reine y était traitée de la manière la plus outrageante ; sa grossesse avait rangé, parmi ses ennemis, des personnes attachées au prince qui seul, pendant plusieurs années, avait paru devoir donner des héritiers à la couronne. On osait se permettre

    heureusement placé dans les bibliothèques, et surtout dans celles des étrangers*.

    (Note de madame Campan.)

    *. L’éditeur s’imposera, pour ce passage, la même réserve que pour celui dont il est parlé plus haut. Les calomnies de l’abbé Soulavie contre la reine ne seront point citées dans cet ouvrage : ce qu’il s’est permis, tout écrivain qui se respecte se l’interdira. Quant aux étrangers qui placent sans discernement l’ouvrage de l’abbé Soulavie dans leurs bibliothèques, on sera forcé de dire qu’ils ne sont alors ni d’un goût bien difficile, ni d’un esprit fort éclairé.

    (Note de l’édit.)