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« J’ai reçu, sous le secret de la confession, l’anneau que je remets à Votre Majesté, avec l’aveu qu’il lui a été dérobé en 1771, dans l’intention de servir à des maléfices pour l’empêcher d’avoir des enfans. » La reine, en retrouvant son anneau, dit qu’en effet elle l’avait perdu en se lavant les mains il y avait environ sept ans ; et qu’elle s’interdisait de chercher à découvrir la superstitieuse qui lui avait fait une pareille méchanceté.

L’attachement de la reine pour la comtesse Jules ne faisait que s’accroître ; elle se rendit plusieurs fois chez elle à Paris, et s’établit même au château de la Muette pour être plus à portée de la visiter pendant ses couches[1]. Elle avait marié made-

    loges que l’usage leur réservait. Il fallut appeler le semainier, et le sénat comique s’étant assemblé pour délibérer, on compulsa les registres, et l’on reconnut la légitimité de leur réclamation. On offrit alors aux charbonniers de passer sur le théâtre, et ils s’y assirent, toujours du côté du roi, sur des banquettes qu’on leur avait préparées. Les poissardes les suivirent et se placèrent du côté opposé.

    D’aussi graves questions de préséance méritaient bien que nous empruntassions ces détails aux Mémoires du temps. Depuis la révolution, l’on ne distingue plus, dans les représentations gratis, ni les charbonniers ni les poissardes ; tous les rangs sont confondus. Il paraît juste cependant que chacun connaisse ses titres et garde sa place.

    (Note de l’édit.)

  1. Le morceau suivant, extrait de Montjoie, peint les sentimens de la reine pour son amie :

    « La duchesse de Polignac, dit en effet Montjoie dans la Vie de Marie-Antoinette, succomba aux fatigues du genre de vie que son