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répondit que six années suffiraient pour terminer toute l’entreprise, si le Trésor royal pouvait effectuer les paiemens sans aucun retard. « Et combien d’années demandez-vous, dit le roi, si les paiemens ne sont pas aussi exacts ? — Dix ans, Sire, répondit l’architecte. — Il faut alors compter sur dix années, reprit Sa Majesté, et remettre cette grande entreprise à l’année 1790 ; cela occupera le reste du siècle. » Le roi parla ensuite de la baisse qu’avaient éprouvée les propriétés à Versailles pendant le temps où le régent avait fait transporter la cour de Louis XV aux Tuileries, et dit qu’il faudrait aviser aux moyens de parer à cet inconvénient : ce fut ce projet qui favorisa celui de l’acquisition de Saint-Cloud. La première idée en était venue à la reine, un jour qu’elle s’y promenait en calèche avec la duchesse de Polignac et la comtesse Diane ; elle en parla au roi à qui cela convint très-fort : cette acquisition favorisait l’intention qu’il avait de quitter Versailles pendant dix années consécutives.

Le roi se proposait de faire rester à Versailles les ministres et les bureaux, les pages et une grande partie de ses écuries. MM. de Breteuil et de Calonne furent chargés de traiter l’affaire de l’acquisition de Saint-Cloud avec M. le duc d’Orléans, et l’on crut d’abord qu’elle serait faite par de seuls échanges : la valeur du château de Choisy, de celui de la Muette et d’une forêt, formait la somme demandée par la maison d’Orléans, et, dans cet échange