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NOTICE

SUR LA VIE

DE MADAME CAMPAN.


ON aime à lire la vie privée des princes. Trop de gêne et d’apprêt se mêle à leurs actions publiques, pour qu’on y puisse démêler le secret de leurs penchans et de leur caractère. Il faut dissiper cet éclat qui nous éblouit, écarter la pompe qui les environne, pour arriver jusqu’à eux ; la fortune les élève si haut, qu’on les croirait presque au-dessus de l’humanité, sans les indiscrétions de ceux qui les entourent. Souvent un sentiment jaloux sert encore d’aiguillon à la curiosité. Les princes ont besoin d’avoir des goûts, des passions, des travers qui les rapprochent de nous, pour se faire pardonner leur grandeur : l’amour-propre humilié se venge de leur rang sur leurs faiblesses.

Les Mémoires sur Marie-Antoinette n’exciteront ni la malignité ni l’envie. Est-il quelques sentimens ennemis que ne désarme le souvenir de ses malheurs ? À peine la voit-on paraître et briller un moment, qu’on est forcé de la plaindre. Le cœur est séduit par ses grâces, et presque aussitôt touché de ses peines : on ne jouit point de ses momens heureux. Au milieu des fêtes que lui prodigue la