Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/42

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frais ombrages, rendent le séjour de Mantes agréable et riant. Cette habitation lui plut. Bientôt elle vint s’y établir. Un petit nombre d’amis intimes lui composait une société dont elle goûtait la douceur. Elle s’étonnait de retrouver un peu de calme après de si longues agitations. Le soin de revoir ses Mémoires, de mettre en ordre les anecdotes piquantes dont se devaient composer ses Souvenirs, apportait seul quelque distraction au sentiment puissant qui l’attachait à la vie.

Elle ne vivait que pour son fils ; pour lui seul elle aurait ambitionné la faveur ou les richesses : il était sa consolation, son bien, son espoir ; elle avait rassemblé sur lui tous les penchans d’un cœur souvent déçu dans ses affections. M. Campan fils méritait la tendresse de sa mère. Aucun sacrifice n’avait été négligé pour son éducation. Son esprit était orné ; il avait du goût, et faisait des vers agréables. Après avoir suivi la carrière qui a fourni, sous l’empire, des hommes d’un mérite éminent, il attendait du temps et des circonstances une occasion de consacrer ses services à son pays. Quoique sa santé fût languissante, rien n’annonçait une fin rapide et prématurée : en quelques jours cependant il fut ravi à sa famille. Comment l’apprendre à sa mère ? Comment lui porter ce coup funeste ? M. Maignes, dans une relation qu’il a bien voulu nous confier, a décrit ce triste moment avec la plus douloureuse vérité.

« Je n’ai jamais été témoin, dit-il, d’une scène aussi déchirante que celle qui se passa lorsque madame la maréchale Ney, sa nièce, et madame Pannelier, sa sœur, vinrent lui annoncer ce malheur. Au moment où elles entrèrent dans sa chambre, elle était encore au lit. Toutes trois poussèrent à la fois un cri per-