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contient le fruit de vingt années d’expérience, sont dirigés vers le même but[1]. « Les femmes, disait-elle à ses amis, ont perdu l’empire que leur donnait jadis la galanterie chevaleresque ! Elles dédaigneraient aujourd’hui celui qu’elles obtinrent plus tard dans leur boudoir, ou sur le théâtre brillant de la cour. Ce n’est pas aux dépens des mœurs, mais sur les mœurs que doit être fondé leur

  1. Madame Campan a laissé des Nouvelles, et plusieurs comédies manuscrites, dont nous ne citerons que les titres : La Vieille de la cabane, Arabella ou la Pension anglaise, les Deux Éducations, les Petits Comédiens ambulans, le Concert d’amateurs, etc. Toutes ont un but d’instruction pour la jeunesse. Elle achevait, à ses derniers momens, un ouvrage d’un ordre plus élevé, intitulé : De l’Éducation des Femmes. Nulle ne pouvait mieux qu’elle remplir ce cadre intéressant. Je citerai les premiers mots de ce traité.

    « Mon ouvrage sera privé, dit-elle, de l’attrait des fictions presque toujours liées aux plans d’éducation, et la quantité de détails que j’ai à mettre sous les yeux des lecteurs me cause quelque inquiétude. Je crains aussi de me laisser entraîner par mon penchant pour ces êtres innocens et gracieux, dont une foule aimable m’entoura pendant tant d’années, et auxquels j’ai dû de si doux momens ; quelquefois je doute si une certaine lenteur, triste et première infirmité de l’âge, n’allonge pas, malgré moi, mes discours ; puis je pense que je dédie mon ouvrage à mes anciennes élèves, devenues mères de famille : je songe qu’en leur faisant hommage du fruit d’une longue expérience, je leur parle de leurs plus chères affections, et je me rassure. »

    Cet ouvrage pourra paraître aussitôt qu’on aura mis en ordre les différens morceaux qu’avait terminés madame Campan. On y joindra le théâtre.

    Outre les Lettres de deux jeunes amies, madame Campan avait aussi publié les Conversations d’une mère avec ses filles. Ces dialogues ont été traduits en italien et en anglais. Madame Campan savait fort bien cette dernière langue. Elle en avait donné des leçons à la reine, et conserva jusqu’à l’époque où sa maison fut incendiée, au 10 août, des thèmes écrits en anglais de la main de Marie-Antoinette.