Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nouvel empire. Leurs succès, moins bruyans, seront plus flatteurs et plus durables. Chaque jour ajoute à leur instruction sans nuire aux grâces légères, aux vertus modestes de leur sexe. Mais ce n’est point assez que leur beauté plaise, qu’on soit charmé de leur esprit : il faut que leurs qualités commandent l’estime ; il faut que leurs talens soient destinés à faire le charme de leur intérieur, et que le cercle de leurs obligations devienne aussi celui de leurs plaisirs. »

Entourée des élèves pour qui son entretien était une récompense, qu’elle leur parlât des devoirs de leur sexe, ou des faits les plus intéressans de l’histoire, leur foule curieuse, attentive, se pressait à ses côtés, s’attachait à ses moindres paroles. Quelquefois son esprit judicieux et piquant faisait naître une leçon salutaire, du fond d’une historiette amusante. Souvent elle cherchait, dans les événemens du passé, des traits capables d’éclairer leur esprit et d’élever leur ame. J’en atteste ici toutes les élèves d’Écouen : combien de fois ne leur parla-t-elle pas de Louis IX, de Charles V, de Louis XII, d’Henri IV surtout, et des vertus qu’eux et leurs successeurs avaient fait asseoir sur le trône ? En arrivant aux temps les plus orageux de la révolution, madame Campan les entretenait des atteintes portées à la majesté royale, des descendans des rois vivant sur une terre étrangère, de Louis XVI et de ses infortunes, de la reine et des outrages dont on l’avait abreuvée. Ces récits attendrissaient leurs jeunes cœurs : en l’écoutant parler de la famille royale de France, les filles des guerriers de Napoléon apprenaient ce qu’on doit de respect aux malheurs, et de reconnaissance aux bienfaits.

Hors des murs du château d’Écouen, dans le village