Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/6

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Puis, dans un autre passage inédit, elle ajoute : «  J’ai beaucoup vécu ; la fortune m’a mise à portée de voir et de juger les femmes célèbres de plusieurs époques. J’ai fréquenté de jeunes personnes, dont les grâces et l’aimable caractère seront connus long-temps après elles. Jamais dans aucun rang, dans aucun âge, je n’ai trouvé de femme d’un naturel aussi séduisant que Marie-Antoinette ; à qui l’éclat éblouissant de la couronne laissât un cœur aussi tendre ; qui, sous le poids du malheur, se montrât plus compatissante aux malheurs d’autrui : je n’en ai pas vu d’aussi héroïque dans le danger, d’aussi éloquente dans l’occasion, d’aussi franchement gaie dans la prospérité. »

Ces mots suffisent. On connaît à présent l’esprit de l’ouvrage, le vif intérêt qui l’anime, les sentimens qui l’ont dicté. J’en ai quelques regrets pour les ennemis de madame Campan ; elle ne satisfera ni leur haine ni leur espoir : ses Mémoires sont piquans sans le secours du scandale, et pour être touchante, il lui a suffi d’être vraie[1].

Jetons un coup-d’oeil sur sa famille et sur ses premières années.

  1. Un mot d’explication sur la notice qu’on va lire me paraît nécessaire. Aucun des passages, aucune des anecdotes qu’elle contient ne se retrouve dans les Mémoires. Je dois les anecdotes aux souvenirs des parens, des amis, des élèves de madame Campan. La lecture de ses manuscrits, de sa correspondance, de tous ses papiers, m’a procuré des fragmens intéressans que je n’ai point hésité à mettre en œuvre. Ils donnent aux moindres détails, comme aux faits les plus importans, un ton de vérité qui doit attacher et plaire. Ces fragmens ont d’autant plus de prix, qu’ils sont écrits en entier de la main de madame Campan : chaque fois que je les citerai, j’aurai soin d’en prévenir le lecteur.