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plus honorables à dire aux gens qu’elle estimait. Lorsque M. Loustonneau, premier chirurgien des enfans de France, fut nommé à la survivance de M. Andouillé, premier chirurgien du roi, il vint à l’heure du déjeuner de la reine faire ses remercîmens. Cet honnête homme était généralement chéri à Versailles ; il s’y était dévoué à soigner la classe indigente, et versait chez les pauvres malades près de trente mille francs par an. Son extrême modestie n’avait pu empêcher qu’à la longue, de si grandes charités ne fussent connues. Après avoir reçu l’expression de la reconnaissance du bon Loustonneau, la reine lui dit : « Vous êtes content, Monsieur ; mais moi je le suis bien peu des habitans de Versailles. À la nouvelle de la grâce que le roi vient de vous accorder, la ville

    et parlant encore plus haut, il continua : Sire ! Le roi surpris le regarda et lui dit : « Que voulez-vous, Monsieur ? — Sire, lui répondit-il, j’ai soixante-dix ans ; il y en a plus de cinquante que je suis au service de Votre Majesté, et je meurs de faim. — Avez-vous un mémoire ? reprit le roi. — Oui, Sire, j’en ai un. — Donnez-le moi, » et il le prit sans rien dire de plus. Le lendemain matin, un exempt des gardes fut envoyé par le roi dans la grande galerie pour chercher l’officier qui s’y promenait. L’exempt lui dit : « Le roi vous demande, Monsieur, » et il se rendit sur-le-champ dans le cabinet de Sa Majesté, qui lui dit : « Monsieur, je vous accorde 1500 livres de pension annuelle sur ma cassette, et vous pouvez aller recevoir la première année qui est échue. » (Correspondance secrète de la cour, règne de Louis XVI.)

    (Note de l’édit.)