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Necker, furent renversés par la puissance de ces antiques corporations[1].

L’impolitique désir d’amoindrir la puissance anglaise avait fait embrasser par Louis XVI la cause des Américains insurgés contre leur mère-patrie. Nos jeunes gens volèrent aux combats qui se livraient dans le Nouveau-Monde pour la liberté et contre les droits des couronnes. La liberté l’emporta ; ils rentrèrent triomphans en France, et y rapportèrent le germe de l’indépendance. On recevait souvent dans le palais de Versailles des lettres de plusieurs militaires, cachetées d’un sceau qui portait les treize étoiles des États-Unis, environnant le bonnet de la liberté ; et le chevalier de Parny, un des poëtes les plus estimés du temps, frère d’un écuyer de la reine, et lui-même homme de la cour, fit imprimer une épître aux Bostoniens, dans laquelle étaient placés les vers suivans :


Peuple heureux sans roEt vous,
Peuple heureux sans rois et sans reines,
Vous dansez donc au bruit des chaînes
Qui pèsent sur le genre humain.


  1. « M. Necker voulait être appuyé des faveurs et de la confiance du peuple ; et, semblable en cela à M. Turgot, il ne put être agréable ni au clergé, ni à la noblesse, si étrangers aux affections personnelles du ministre génevois. Le clergé murmura du choix d’un ministre protestant. Je vous l’abandonne, si vous voulez payer la dette de l’État, répondit M. de Maurepas à un archevêque scandalisé de sa nomination. » (Histoire de Marie-Antoinette, par Montjoie.)
    (Note de l’édit.)