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se trouva porté à être le chef de ce parti. Dès le 6 octobre 1789, six mois après l’ouverture des états-généraux, la presque totalité des partisans de la constitution anglaise émigra et fut soustraite aux horreurs qui menaçaient la France.

Un homme, malheureusement digne de la célébrité des orateurs grecs et romains, Mirabeau embrassa la cause d’une constitution plus républicaine. Naturellement la cour y fut encore plus opposée qu’aux premiers vœux des amis de la constitution anglaise.

Les révolutionnaires enflammèrent le peuple, l’appelèrent à leur secours, l’armèrent ; les châteaux furent incendiés ou pillés, tous les nobles obligés de quitter la France. Le palais de Versailles fut assiégé par la populace de Paris ; le roi fut traîné dans cette ville d’une manière cruelle et dégradante ; sa voiture précédée par une horde qui portait en triomphe les têtes de deux de ses gardes. Les députés, au milieu des orages, travaillaient à achever l’acte constitutionnel ; le roi, comme pouvoir exécutif, y était trop dépouillé de puissance. Il jugea l’impossibilité de faire marcher une semblable constitution, et s’enfuit avec sa famille. Sa fuite combinée et son projet trahi donnèrent le temps à l’Assemblée de le faire arrêter comme il touchait aux frontières de son royaume ; il fut ramené avec l’infortunée Marie-Antoinette, la vertueuse Élisabeth, Madame et le dauphin. Ils sup-