Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/131

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et judiciaires pour étayer leurs audacieux mensonges, le merveilleux qui accompagne toujours les réclamations dénuées de toute vraisemblance, occupe et amuse les indifférens, et excite presque toujours l’amour-propre de quelque avocat qui croit sans doute défendre la cause de gens victimés par la ruse, la cupidité ou la puissance. Le plus prudent est d’être en défiance contre le merveilleux, et de se dire, d’une chose qui est contre les lois de l’honneur, des convenances et des bienséances : Il est probable que cela n’est pas vrai. Cette précieuse défiance serait généralement servie par le recueil que je désirerais voir confié aux soins de quelque avocat distingué. Ces réflexions précèdent l’histoire assez inconnue d’une intrigante du dernier rang dans la société, et dont les mensonges ont osé atteindre les personnes les plus augustes et les plus estimables.

Mon père m’avait donné une espèce de gouvernante, ou plutôt ce que l’on appelle une bonne, qui avait une nièce du même âge que le mien ! Jusqu’à l’époque de notre première communion, elle venait passer ses jours de vacances chez sa tante et jouait avec moi. Lorsqu’elle eut atteint l’âge de douze ans, mon père, sans qu’aucun sentiment de hauteur dirigeât sa prudence, déclara qu’il ne voulait plus que cette petite vînt jouer avec moi et mes sœurs. L’éducation soignée qu’il voulait bien nous donner, lui faisait craindre des relations intimes avec une petite personne destinée