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Avant mon départ, la reine me chargea de choisir une personne dévouée, chez qui je pusse déposer un porte-feuille qui me serait remis par Sa Majesté. Je choisis madame Vallayer-Coster, peintre en fleurs : cette dame garda le porte-feuille jusqu’en septembre 1791, époque à laquelle je le retirai de ses mains pour le remettre à la reine.

Je partis de Paris le Ier juin ; j’appris au Mont-d’Or l’arrestation de la famille royale. Mon beau-père se mourait ; nous ne revînmes à Paris qu’à la moitié du mois d’août.

Ah ! que ne puis-je faire connaître à ceux qui me calomnient, l’accueil, à la fois sensible et déchirant, que je reçus alors de la reine ! Ils rougiraient de leur injustice.

Pendant mon absence, les trahisons de la femme de garde-robe, R........., avaient été découvertes. La reine avait choisi pour la remplacer, une femme qui m’appartenait : cette R......... avait découvert l’emballage des diamans ; elle l’avait dénoncé, ainsi que l’envoi du nécessaire. Le maire Bailly fit remettre ces dénonciations à la reine.

Je ne quittai point Paris, ni le château, depuis mon retour des eaux, jusqu’à la journée du 10 août.

La reine se rendait souvent dans mon appartement pour y donner des audiences loin des yeux qui épiaient ses moindres démarches.

Chaque jour, Sa Majesté me chargeait des commissions les plus importantes ; la nuit je consolais ses veilles, et j’essuyais ses larmes.