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Carrousel, ou pris, j’étais inquiète de l’abus qu’on pourrait faire des comptes relatifs à mes fonctions de trésorière, et au bas desquels se trouvait la signature de la reine.

Sa Majesté plaçait souvent sa signature assez loin des chiffres, pour que le bas de la page pût servir de blanc-seing. Madame Élisabeth, madame la princesse de Lamballe, madame la marquise de Tourzel, étaient auprès de la reine ; une d’elles pensa qu’il fallait faire une déclaration de ce fait. La reine me l’ordonna. J’allai aussitôt à un comité qui se tenait dans le bâtiment de l’Assemblée. M. Hue m’y accompagna ; les membres de ce comité refusèrent de recevoir ma déclaration, et la reine regretta de m’avoir donné cet ordre. J’ai su que depuis la rentrée du roi, dans le château même de Sa Majesté, ma visite à ce comité avait été outrageusement défigurée.

Dans le cours de la journée que je passai aux Feuillans, la reine me dit qu’elle désirait que je la suivisse là où elle irait. Je sortis donc le soir pour aller prendre soin de ce que deviendrait mon fils, et pour emprunter des vêtemens. Le lendemain matin, je me représentai aux Feuillans, je ne pus parvenir jusqu’à la reine ; j’étais consignée. J’appris que Pétion avait décidé que la reine n’aurait au Temple qu’une femme de son service : c’était madame Thibaut qu’il avait désignée comme étant de mois. J’allai sur-le-champ chez le maire de Paris, pour lui demander la permission de m’enfermer au