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à révérer les vertus de Louis XVI et de Marie-Antoinette ; le besoin m’avait fait embrasser l’état d’institutrice, mon ambition s’y était bornée ; et, considérée dans cette profession, je jouissais aussi de quelque estime pour mon dévouement connu envers la reine.

Le suffrage de plusieurs personnes illustres[1], mon manque de fortune, témoignages évidens de ma fidélité, la publicité que, sous tous les gouvernemens, je n’ai pas craint de donner à mes sentimens pour la reine ; enfin, la force de la vérité avaient triomphé des impostures dont on avait voulu m’accabler ; mais par un concours de circonstances fatales à moi seule, le retour du roi a ramené sur moi des doutes injurieux.

On a interprété la réforme de la maison d’éducation que je dirigeais et que j’avais organisée. On s’est plu à trouver, dans ce témoignage de défaveur, la confirmation tacite de torts antécédens ; et, dans le doute funeste que laissait, et que laisse encore planer sur moi le silence des personnes les plus augustes, la calomnie a eu le champ libre, et les libelles et les discours calomnieux sont venus troubler mes dernières années.


  1. Mesdames la marquise de Tourzel et la duchesse de Luynes, madame la maréchale de Beauvau, mesdames les princesses de Poix et d’Hénin, M. le duc de Choiseul, M. le marquis de Lally, ont bien voulu combattre les impressions fâcheuses que chaque émigré rapportait contre moi des pays étrangers.