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LETTRE VIII.

De la même à la même.

Paris, ce 21 avril 1808.

Paris est superbe, ma chère Élisa, j’en suis enchantée. Malgré la défense de mon père, ma mère m’a fait voir le jardin des Tuileries. Les amis qu’elle a consultés lui ont assuré qu’en nous interdisant les promenades publiques, il avait voulu indiquer seulement le jardin du Palais-Royal où circulent beaucoup de gens de très-mauvaise compagnie, et où résident même des bandes de filous. Mais les Tuileries, le Luxembourg, le Jardin des Plantes, sont des lieux dignes de l’admiration de tout le monde, et les gens de la meilleure société s’y réunissent. C’était hier dimanche : que de monde dans les Tuileries et dans un bois superbe qui se trouve à la suite de ce jardin, et que l’on nomme les Champs-Élysées ! Que de jolies parures ! que de jolies femmes qui marchent avec une grâce..... ! En vérité, j’en étais ravie. L’après-midi, nous sommes allées voir le Luxembourg. Je ne m’y promènerais pas, je t’assure, si je demeurais à Paris : le jardin est beau, cela est vrai ; mais il est triste. Je n’y ai vu que de vieux bons hommes appuyés