Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/192

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avisée de dire qu’il avait raison ; qu’à mon âge il ne fallait pas même perdre une journée, que du reste j’avais besoin de quelques conseils. Elle tenait, il est vrai, tous ces singuliers discours d’un son de voix aussi doux que si elle m’eût fait des complimens ; et c’est de la meilleure grâce du monde qu’elle a fini la conversation, en me disant : « Ma chère enfant, vous vous tenez fort mal, et vous ne savez pas saluer en entrant dans un salon. » Et ma mère avait la complaisance de la remercier ! En vérité, cette dame est bonne, je ne peux le nier : mais pour une femme de la cour, elle a bien peu d’usage du monde ; jamais je n’ai entendu dire qu’il fût poli de prendre le rôle d’une pédante insupportable ; et à Valence on est bien plus aimable.

J’aurais mieux fait d’employer mon papier et mon temps à t’entretenir de M. le comte de Lacépède, Grand-Chancelier de la Légion d’honneur, chargé par l’Empereur de la surveillance des maisons impériales. J’ai été charmée de sa politesse et de son air de bonté ; je te le dis pour te montrer combien j’ai peu de partialité. Il a parlé des services de mon père d’une manière honorable ; il a fait ensuite l’éloge de la maison impériale : c’est bien naturel ; si j’étais à sa place, j’en ferais tout autant. Mais il faut en convenir, je lui ai trouvé l’expression d’un père pour tous les enfans élevés dans cette maison. Son Excellence a beaucoup caressé ma petite sœur. « Êtes-vous bien aise d’aller à Écouen ?