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LETTRE XII.

Élisa à Zoé.

Chabeuil, ce 15 avril 1808.

Tu es en route, ma chère Zoé ; tes larmes cesseront. Le grand air, la vue des différentes provinces que tu vas traverser, les soins qu’amène un long voyage, tout cela doit naturellement te distraire, et je ne suis pas la première à dire que de deux amies qui se séparent, la plus à plaindre n’est pas celle qui s’éloigne.

Je songe souvent aux dangers que tu peux courir pendant ton séjour à Écouen, et aux avantages que tu en peux retirer. Zoé, pense à ton retour à Valence, songe au moment où tu te retrouveras dans ta famille ; vois les amis de ton père empressés à venir te féliciter, si des notes avantageuses ont précédé ton retour. Je me plais à porter ton esprit sur les idées qui peuvent te donner du courage. Mais, ma bonne Zoé, des notes favorables, des éloges, ne s’accordent, dans les grands établissemens, qu’à celles qui les méritent réellement. Le Grand-Chancelier ni la Directrice ne peuvent louer sans motifs : s’ils le faisaient, le reste des élèves et toutes les dames se récrieraient contre leur partialité.