Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/227

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l’effet que je produirais. Tu vois que cette journée avait commencé par un sentiment de coquetterie qui devait m’être funeste. Nous arrivâmes à onze heures et nous trouvâmes, sur le perron du château, mon frère et mon oncle, qui nous introduisirent dans le salon où la plus grande partie de la société était déjà réunie.

Je vis d’abord Mathilde et Rosalie Buret, qui s’empressèrent de me demander de tes nouvelles, et te plaignirent sur ta situation présente avec une exagération qui ne montrait aucun sentiment sincère, ni aucune idée juste sur les avantages dont tu jouis à Écouen. Je répondis avec fierté pour toi, et avec de justes éloges pour la maison d’Écouen ; ce qui fit promptement cesser cet entretien. La société était nombreuse : tes parens, le préfet et sa femme, le général D...., ses aides-de-camp, un jeune colonel, mesdemoiselles Buret, leur mère, une dame âgée qui fait les honneurs de la maison, une jeune personne que j’ignorais être la fille de M. de Mirbot, et quelques autres habitués, formaient en tout une réunion de vingt-cinq personnes. On félicita mon oncle sur le trait courageux de son neveu. Ton père dit à ce sujet des choses aimables et touchantes ; ta mère ne ménagea pas les réflexions sur l’imprudence de son mari qui, à peine convalescent de graves blessures, s’était exposé à faire, à cheval et seul, un trajet de plusieurs lieues. Les reparties du côté de ton père furent plaisantes ;