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changement. Pour les momens du lever, des repas, des récréations, il est agréable d’être avec des jeunes personnes de son âge.

J’ai été invitée hier, comme première de ma classe, à un goûter chez madame la Directrice ; on nous a servi des crèmes et des fruits dans un bosquet réservé pour ses promenades, et où nous sommes reçues certains jours de fête. Nous étions toutes assises, avec madame la Directrice, à une table ronde qu’on avait placée dans une salle de verdure. Nous voyions sur nos têtes de grands marronniers, et à travers leurs branches, le ciel qui était tranquille et d’un beau bleu d’azur. Je me suis rappelé Valence et toutes ces soirées que nous avons passées à nous promener avec ta mère et la mienne : puisque je ne puis encore l’aller rejoindre, me suis-je dit, pourquoi donc ne peut-elle pas venir ? elle trouverait ici du plaisir, et cela ferait mon bonheur. Effectivement ta présence pourrait maintenant me rendre ce séjour agréable.

J’ai été fort contente de la soirée dont je te parle. Madame la Directrice nous a traitées avec bonté et avec politesse ; après le goûter, elle nous a entretenues de choses fort intéressantes. Quelques-unes de nous, plus hardies que moi, lui ont fait des observations auxquelles elle a répondu avec beaucoup de complaisance. Les égards que madame la Directrice nous montrait, le peu de bruit et la bonne contenance de celles de mes camarades qui