Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/248

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l’on répète sur la carte. Il faut pouvoir subir un examen sévère sur les calculs, et donner un état des ouvrages à l’aiguille que l’on a faits dans cet espace de temps. Je travaille donc beaucoup ; je commence à apprendre l’histoire des empereurs romains. Je pourrais te parler du règne d’Auguste et de celui du méchant Néron, si, avec le peu que je sais, il était tolérable de faire la savante. La salle où se passent nos inspections s’appelle la salle Hortense. C’est un juste hommage rendu aux talens de celle dont cette salle porte le nom. La fille de Joséphine dessine d’après nature aussi bien que les professeurs ; elle compose de la musique charmante ; ses romances sont délicieuses. On en chante ici une dont l’idée est prise dans les guerres des croisades ; le sujet en est bien touchant : c’est une mère qui, au moment du départ de son fils pour l’armée, lui donne l’écharpe que portait son père mort au champ d’honneur sous les yeux de son roi. Je voudrais bien t’envoyer cette romance ; mais quand je la demanderais, je ne l’obtiendrais pas : l’auteur ne veut pas que ses compositions se répandent dans le public.