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la destruction de la compagnie de Jésus. Ce scélérat de Damiens se vengea de beaucoup de gens qu’il avait servis dans diverses provinces, en les faisant arrêter ; et, quand ils lui étaient confrontés, il disait aux uns : « C’est pour me venger de vos méchancetés que je vous ai fait cette peur. » À quelques femmes, il dit : « Que dans sa prison, il s’était amusé de l’effroi qu’elles auraient. » Ce monstre avoua qu’il avait fait périr le vertueux La Bourdonnaye en lui donnant un lavement d’eau-forte. Il avait encore commis d’autres crimes. On prend trop aisément des gens à son service : de semblables exemples prouvent qu’on ne saurait mettre trop de précautions aux renseignemens nécessaires avant d’ouvrir l’intérieur de sa maison à des étrangers[1].


J’ai entendu plusieurs fois M. de Landsmath, écuyer, commandant de la Vénerie, qui venait souvent chez mon père, dire qu’au bruit de la

  1. Quelque temps après son assassinat, Louis XV eut, dans ses appartemens, une aventure que madame du Hausset raconte ainsi :

    « Le roi entra un jour chez Madame, qui finissait de s’habiller : j’étais seule avec elle. « Il vient de m’arriver une singulière chose, dit-il, croiriez-vous qu’en rentrant dans ma chambre à coucher, sortant de ma garde-robe, j’ai trouvé un monsieur face à face de moi ? — Ah Dieu ! Sire, dit Madame effrayée.