Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/250

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moi ! — Assez, Mesdames, s’est écriée l’ancienne abbesse de ...... sœur de la maréchale : calmez-vous ; une si forte agitation peut vous être nuisible. » Cette bonne dame s’était levée et les embrassait l’une après l’autre ; elle cherchait à donner un ton calme à sa voix ; mais elle était elle-même vivement émue, et des larmes coulaient involontairement de ses yeux. « Ma sœur a raison, reprit la maréchale : commandons à la vivacité de nos douloureux souvenirs, et jouissons du calme que la Providence a daigné nous accorder. » Alors elle m’appela, je m’approchai pour prendre une de ses mains que je voulais baiser, mais elle m’arrêta, et, m’embrassant avec une affection bien tendre : « Traitez-moi, dit-elle, comme une mère chérie ; bannissez ces formes de respect que mes années vous inspirent, mais qui gêneraient les sentimens que je vous ai voués. Je n’ai pas oublié, dit-elle alors à ma mère, tout ce que nous devons au père de cet aimable enfant. J’ai eu le bonheur d’apprendre que vous n’éprouvez pas le dénuement total qui réunit ici les parens et les amis qui m’environnent ; sans cela votre place eût été marquée parmi nous à des titres bien sacrés. C’est au major que je dois la conservation de cette belle terre : Napoléon vient d’ajouter à mes revenus en me faisant rentrer dans tous les biens qui viennent de mon côté. Je suis plus riche ici maintenant avec quarante mille livres de revenu, que je ne l’étais à