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le pensions, pour disperser la société que nous avons vue cet été chez M. de Mirbot. Le préfet a été appelé à Paris ; le colonel est parti pour l’Espagne, et le général a obtenu un commandement.

Mais ce qui est très-affligeant est de savoir que les demoiselles Buret se soient perdues par leurs inconséquences. Elles se sont crues assurées d’épouser, l’une l’aide-de-camp du général, et l’autre le colonel ; toute la ville le croyait aussi. Ces deux officiers ne quittaient plus la maison de leur mère : on les voyait au spectacle dans sa loge ; à la promenade, ils donnaient toujours le bras aux deux demoiselles. La mère confiait à ses amis que ces messieurs recherchaient ses filles en mariage ; elle allait jusqu’à dire que les noces auraient lieu le même jour, et visitait des marchands pour acheter les trousseaux. On pense qu’elle croyait ainsi engager l’honneur des deux officiers, et les forcer à cette alliance à laquelle cependant ils ne songeaient pas.

Sur ces entrefaites, ils ont reçu l’ordre de partir pour l’Espagne ; et avant de quitter Valence, craignant probablement d’y laisser une mauvaise réputation, ils ont dit hautement, dans plusieurs bonnes maisons de la ville, qu’ils n’avaient pas montré le moindre désir de se marier ; qu’ils avaient été pressés par madame Buret de regarder sa maison comme la leur propre ; que la faute était entièrement à cette dame d’avoir établi des relations