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LETTRE XXXIX.

Zoé à Élisa.

Écouen, ce 15 janvier 1809.

Mon père ne retournera pas à Valence, ma chère Élisa ; il est employé à l’armée d’Espagne, et part de Paris dans quinze jours. Ma mère y restera jusqu’au printemps : elle voulait se fixer à Écouen ; mais j’ai moi-même contribué à la détourner de ce projet. J’aurais souffert de la savoir reléguée tout le reste de la mauvaise saison dans un village pour voir ses enfans seulement le dimanche et le jeudi ; car les autres jours nous sommes occupées sans relâche, excepté dans quelques momens de récréation que nous avons après les repas. Mon père m’a su gré d’avoir songé aux jouissances de ma mère, de préférence aux miennes. Il m’a tendrement embrassée en me disant qu’il voyait bien que j’avais maintenant le cœur d’une bonne fille, et non plus celui d’un enfant gâté.

Tes détails sur Valence m’ont bien intéressée. Ma mère m’avait dit seulement que les demoiselles Buret s’étaient perdues par leurs imprudences.

Adieu, ma chère Élisa : mon père part satisfait de ses enfans ; ma mère doit venir me voir tous les