Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/300

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blier les actions que la vertu ordonne de tenir secrètes, l’univers retentirait des traits de sensibilité des Français, comme il retentit de leurs triomphes. Mon frère nous a raconté qu’un des généraux sous les ordres duquel il a servi, sortait toujours seul avec un de ses serviteurs, le lendemain d’une victoire ; il parcourait les campagnes ravagées, et portait des secours aux infortunés que la bataille avait ruinés. Mon frère nous annonce que bientôt l’armée française sera dans Vienne ; pourra-t-on refuser une glorieuse et solide paix à celui contre lequel on ne saurait faire la guerre ? Le sort a jusqu’ici préservé notre cher Charles de la moindre blessure ; tu dois t’en réjouir avec sa sœur : je t’entretiens de notre bonheur, car je sais toute la tendresse que tu as vouée à ta fidèle amie.