Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/306

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faux ou légèrement portés, et grondez-moi quand je le mériterai.

Zoé est devenue charmante ; elle croit m’être redevable des qualités dont tout le monde la félicite : mais c’est à vous, mon cher oncle, que doit s’adresser toute sa reconnaissance ; je n’étais que votre écho, et je n’ai fait que lui transmettre ce que je tenais de vos précieux entretiens. Zoé est grandie, et réunit à un excellent maintien un air modeste et gracieux. Souvent, à Valence, elle était parée sans être habillée ; ici, avec l’uniforme le plus simple, elle semble avoir fait une toilette recherchée. Sa joie, en me voyant, a été des plus vives ; nos larmes se sont long-temps confondues : ma mère nous tenait embrassées comme deux filles chéries. Madame la Surintendante nous a retenues toutes trois à dîner, et nous ne pouvons trop nous louer de l’accueil que nous en avons reçu.

Me voici donc élève à la maison d’Écouen : mais, après l’avoir si vivement désiré, les nouveaux engagemens que ce titre me fait contracter, me donnent une certaine crainte ; je sens que l’on exigera beaucoup plus de moi dans le monde lorsque j’y reparaîtrai ; le peu que j’avais acquis par mon seul travail, inspirait une bienveillance à laquelle je n’ai plus le droit de prétendre. Soutenez-moi, mon cher oncle, par vos utiles conseils, et diminuez par vos lettres la tristesse que notre séparation fait déjà naître dans mon cœur. Écrivez-moi le plus souvent qu’il vous sera possible. Je devrais dire, écrivez-nous ;