Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/324

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M. Tiercelin, homme de qualité, qui n’a pas enduré avec patience un affront de cette nature ; il a été obligé de se taire, car on lui a dit qu’il avait perdu son enfant, et qu’il en devait faire le sacrifice pour son profit, à moins qu’il ne voulût perdre la liberté.

» Mademoiselle Tiercelin, étant devenue madame de Bonneval, fut introduite sous ce nom dans les petits appartemens à Versailles pour les amusemens du roi. Comme elle était très-follette de son naturel, elle ne l’aimait pas. Tu es un laid, lui disait-elle, jetant par les fenêtres les bijoux et les diamans que le roi lui donnait. C’est de cet enfant et de son père, aussi peu dangereux l’un que l’autre, que M. le duc de Choiseul a eu la faiblesse de se montrer jaloux. On lui a dit que le roi de Prusse, lassé de madame de Pompadour, travaillait en secret à faire de mademoiselle Tiercelin une maîtresse déclarée : le roi a réellement beaucoup de faiblesses pour elle. On a ajouté à ce ministre que le père Tiercelin s’occupait avec beaucoup de moyens de cette intrigue étrangère. Le père et la fille, en conséquence, ont été renfermés séparément à la Bastille. » (Anecdotes du règne de Louis XV, par Soulavie.)


Note (D), page 37.

« Louis XV avait conduit les mœurs nationales à un tel état de désordre, qu’il n’avait point d’exemple dans nos annales. On racontait cent aventures de maris qui avaient surpris leurs femmes dans un libertinage furtif et nocturne. Tout ce qu’il y avait à Paris d’honnête et de décent applaudit au jeune d’Aguesseau de Fresnes, qui déjoua une fois le crime parvenu au dernier degré d’audace. Les fameuses Gourdan, Brisson et Montigny, voulant séparer une jeune et jolie femme de son mari, délivrèrent des certificats qui constataient qu’elles l’avaient reçue chez elles. Le descendant du grand d’Aguesseau, indigné de la témérité du vice qui trafiquait de sa puissance, au point de disposer de la réputation d’autrui, bien ou mal méritée,