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sées à celles des royalistes constituans, étaient si déconcertées, et l’on présentait à la cour une si grande variété de projets, que les intrigues de ce temps-là ne feront jamais un chapitre ni suivi ni curieux pour l’histoire de la révolution. Les causes du 10 août sont toutes écrites ; elles sont dans les pétitions féroces des révolutionnaires du faubourg Saint-Antoine, grandes puissances trompées dans leurs espérances, dans leurs proclamations ; dans les correspondances des jacobins, dans l’audace des girondistes avant le 10 août ; dans leur ambition furieuse de gouverner, qui les porta à adopter tous les moyens, soit étrangers, soit internes, pour y réussir. Anéantir l’empire de la reine et destituer Louis XVI étaient les opérations principales qu’ils avaient en vue. Le roi avait nommé une garde constitutionnelle qu’ils se hâtèrent de licencier. Bientôt ils supprimèrent les traitemens accordés aux frères du roi, qu’ils avaient déjà dépouillés par un décret du droit à la régence et à la succession à la couronne. Gensonné proposa une police de sûreté générale, invention renouvelée à Genève à chaque révolution, et que Clavières leur inspira.

» Servan proposa aussi à quelques députés le fameux camp de vingt mille hommes. Il a sans cesse assuré qu’il n’avait eu d’autres vues, dans cette mesure, que de réunir une force-armée que la marche du roi de Prusse rendait nécessaire. La cour en fut effrayée ; la reine appela cette armée projetée l’armée de vingt mille brigands pour gouverner Paris. Les royalistes, qui attendaient les Prussiens, en furent déconcertés ; ils le furent au point qu’il fut signé la fameuse pétition des huit mille contre le camp des vingt mille. (Mém. hist. de Louis XVI, par Soulavie, tome VI.)

« La Gironde était flottante entre l’opinion de Brissot (pour l’ajournement de la déchéance) et l’insurrection des fédérés. En consentant à la déchéance, cette mesure pouvait manquer ; en s’y refusant, elle se dépopularisait ; car les Marat, les Danton et les Robespierre, conducteurs du mouvement révolutionnaire, ne s’arrêtaient pas. « Vos poignards ne sont-ils pas encore ai-