Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/70

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sur un des plians rangés devant la balustrade du lit ; l’huissier de la chambre, chargé de surveiller tout ce qui se passait dans cette pièce pendant la durée du jeu, vit ce manteau, le prit et le porta dans l’antichambre des valets de pied. La reine avait un gros chat favori qui ne cessait de parcourir les appartemens. Ce manteau de satin, doublé de fourrure, se trouve à sa convenance, il s’y établit. Malheureusement les traces de son séjour se firent remarquer de la manière la plus désagréable sur le satin blanc de la pelisse, quelque soin que l’on eût pris pour les faire disparaître avant de la lui donner. La duchesse s’en aperçut, prit le manteau à sa main et rentra furieuse dans la chambre de la reine qui était encore environnée de presque toute sa cour : « Voyez, Madame, lui dit-elle, l’impertinence de vos gens qui ont jeté ma pelisse sur une banquette de l’antichambre où le chat de Votre Majesté vient de l’arranger comme la voilà. » La reine, mécontente de ses plaintes et d’une semblable familiarité, lui dit de l’air le plus froid : « Sachez, Madame, que vous avez des gens, et que je n’en ai pas ; j’ai des officiers de ma chambre, qui ont acheté l’honneur de me servir : ce sont des hommes bien élevés et instruits ; ils savent quelle est la dignité qui doit accompagner une de mes dames du palais ; ils n’ignorent pas que, choisie parmi les plus grandes dames du royaume, vous devriez être accompagnée d’un écuyer, ou au