Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mort prématurée l’enleva à sa famille et à ses amis. Le président Hénault lui rendait de respectueux hommages, ou plutôt il aimait à être l’organe de tous ceux dont une société aussi distinguée s’empressait d’environner ses qualités, ses vertus et ses souffrances. Quelque temps avant la mort de madame de Civrac, on lui ordonna des eaux minérales ; elle partit de Versailles, déjà très-affaiblie par l’état de sa santé. Le désir de la distraire pendant la durée d’un voyage qui l’éloignait de tout ce qui lui était cher, inspira au président le plan d’une fête qui lui fut donnée dans tous les lieux où elle devait se reposer : ses amis partaient avant elle pour la devancer de quelques postes et préparer leurs déguisemens. En relayant à Bernis, l’intéressante voyageuse trouva un groupe de seigneurs costumés en anciens chevaliers français, accompagnés des meilleurs musiciens de la chapelle du roi. Ils chantèrent à madame de Civrac des couplets composés par le président ; le premier commençait par ces vers :


Quoi ! vous partez sans que rien vous arrête !
Vous allez plaire en de nouveaux climats !
Pourquoi voler de conquête en conquête ?
Nos cœurs soumis ne suffisent-ils pas ?


À Nemours, les mêmes personnes, en habits de villageois et de villageoises, lui donnèrent une scène champêtre dans laquelle on l’invitait à venir simplement jouir des douceurs de la campagne. Ail-