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épouse chérie par son fils, et la mère du prince destiné à la succession du trône, elle n’avait point oublié qu’Auguste portait la couronne de Stanislas. Un jour, un officier de sa chambre s’étant chargé de lui demander une audience particulière pour le ministre de Saxe, et la reine n’étant point disposée à l’accorder, cet homme insista en se permettant d’ajouter qu’il n’avait osé demander cette faveur à la reine, que parce que ce ministre était un ambassadeur de famille. « Dites anti-famille, reprit la reine avec vivacité, et faites-le entrer. »


La reine aimait beaucoup madame la princesse de Tallard, gouvernante des enfans de France. Cette dame ayant atteint un âge avancé, vint prendre congé de Sa Majesté et lui faire part de la résolution qu’elle avait prise de quitter le monde et de mettre enfin un intervalle entre la vie et la mort. La reine lui témoigna tous ses regrets, essaya de la détourner de ce projet, et toute attendrie par l’idée du sacrifice auquel la princesse se déterminait, lui demanda où elle comptait se retirer : « Dans les entresols de mon hôtel, Madame, lui répondit madame de Tallard[1]. »

  1. « Madame de Tallard, dit Soulavie, aimait le jeu et les veilles, avait de l’esprit, de la dignité et de la noblesse dans l’ex-