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de contenance, il se leva et fît semblant d’éternuer. Ce petit exercice lui permit de dissimuler le dégoût que le nom de Victor lui avait probablement inspiré.

— Je viens vous prier de me dire, M. le curé, reprit Corinne, si je puis épouser M. Jean-Charles contre la volonté de mon père ?

— Non ! mademoiselle ; un enfant doit respecter l’autorité paternelle !

— Mais suis-je obligée de faire la volonté de mon père quand il me dit d’épouser Victor ?

Le prêtre resta silencieux.

— Je comprends, M. le curé, votre hésitation à me répondre, car vous ne connaissez peut-être pas ce Victor ; mais je le connais, moi ! J’ai pris, ce matin, des renseignements à son sujet auprès de deux personnes dignes de foi, et j’ai la preuve que ce garçon est un libertin de la pire espèce… Si Victor était un jeune homme respectable, je n’hésiterais pas à accepter le sacrifice que mon père veut m’imposer. Mais, M. le curé, sachant que le notaire Lormier est un misérable, suis-je obligée de l’épouser ?

— Non, mademoiselle. Mais, je vous le répète, vous ne pouvez pas non plus en épouser un autre sans le consentement de votre père.

— Alors, M. le curé, ma décision est prise : je resterai dans le célibat, et je prierai Dieu de me faire oublier Jean-Charles !