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pour mon agent et mon trésorier ; allez-y largement !

— Je vous remercie, M. le futur ministre, de ce témoignage de confiance. Je prendrai vos intérêts avec le même soin que je les prendrais si j’étais déjà votre gendre…

— À propos, M. le notaire, vous savez sans doute que ma fille est partie hier soir, avec son oncle Ulric, pour Montréal.

— Comment voulez-vous que je le sache, si vous ne me l’avez pas dit ? Ce n’est pas Melle  Corinne, bien sûr, qui m’aurait annoncé la nouvelle de son départ ; car, depuis quelques jours, je me suis souvent placé sur son chemin, tantôt pour lui sourire, tantôt pour lui adresser des compliments délicats, et elle n’a pas fait plus de cas de moi que si j’eusse été un mannequin… À la fin, j’ai pensé qu’elle était myope et un peu sourde…

— Ma fille est très gênée, voyez-vous !

Oui, elle est partie pour Montréal, et voici dans quel but. Dernièrement, je lui ai défendu de revoir Jean-Charles, et je lui ai dit en même temps que je désirais vous avoir pour gendre. De plus, je lui ai déclaré que, d’ici à deux semaines, je voulais avoir une décision définitive au sujet de son avenir.

Or, hier matin, elle m’a tenu ce langage : « Mon père, ma décision est prise pour ce qui