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En voulant convaincre sa mère qu’il avait raison, il ajouta : « Voyez-vous ce baril de lard qui pèse trois cents livres : eh bien ! il y a deux jours, je n’ai pas été capable de le remuer, et, maintenant il me semble que je puis le soulever de terre.

Il prit le baril, le leva au bout de ses bras et le plaça sur un coin de la table !

La mère était convaincue…

— C’est bien ! c’est bien ! dit-elle. Mais d’abord mangeons !

Si j’avais la force de cet éléphant-là, pensa Victor, je lui en flanquerais une tripotée… mais je suis la faiblesse même !

Victor n’avait pas attendu Jean-Charles pour dîner. Oh non !

Je ne me fais jamais attendre, moi, avait-il dit naïvement à sa mère, et je n’aime pas attendre les autres…

L’exactitude aux repas, selon Victor, était le nec plus ultra de la bienséance ! Et, rendons-lui cette justice, il pratiquait cette bienséance mieux que personne, car il était toujours le premier à se mettre à table et le dernier à en sortir…

Après le dîner, Jean-Charles et son père se rendirent à la grange, pour continuer à battre le grain.

Dans les mains du jeune homme le fléau faisait merveille.