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d’un million de dollars par semaine, et celle de New-York va probablement au double de cette somme. Dans tout le pays, on peut affirmer que la quantité de pouvoir physique et intellectuel qui trouve emploi n’est pas même un tiers de celui qui est produit, — ce qui donne, en supposant le présent pouvoir productif équivaloir à 3.500.000.000 dollars, une perte annuelle de 7.000.000.000 comme conséquence du manque de cette diversité d’emplois, qui est nécessaire pour imprimer vitesse à la circulation, et créer ainsi demande pour toute la force physique et intellectuelle résultante de la consommation d’aliment[1].

Si toute cette force trouvait emploi, le pouvoir de production serait triplé, et l’on obtiendrait plus de confort en échange du travail d’une matinée qu’on n’en obtient aujourd’hui en donnant celui d’une journée entière.

§ 12. — Le pouvoir d’accumulation s’accroît avec la vitesse accrue de la circulation. Déclin des deux dans l’Union.

Le pouvoir d’accumulation est en raison de la vitesse de circulation, et est une conséquence de l’économie de travail. Pour que la circulation puisse être rapide, il faut qu’il y ait diversité d’emplois ; et plus cette diversité est parfaite, plus il y a développement d’individualité, et plus il y a pouvoir de progrès. Cette accumulation se manifeste par l’ouverture de mines, la construction d’usines et de fourneaux, le drainage des terres basses, la mise en culture des sols de qualité supérieure ; et, à chaque pas dans cette direction, l’agriculture monte de plus en plus à l’état de science, en même temps que l’homme gagne d’année en année en lumières, en moralité et en liberté. L’inverse de tout cela se voit dans tous les pays où la circulation s’alanguit ; et c’est pourquoi il n’y a point accumulation en Irlande, Inde, Portugal, Turquie, ou autres pays non protégés ; tandis que le capital s’accumule si promptement dans l’Allemagne du Nord, la France, le Danemark et autres pays protégés. Dans les premiers, les hommes sont de plus en plus poussés à dépendre de la force musculaire du bras humain dénué d’assistance ; tandis que, dans les autres, les pouvoirs de la nature sont partout de plus en plus soumis au commandement de l’homme.

  1. Le lecteur qui douterait de l’exactitude de cette opinion, n’a pour cesser de douter, qu’à visiter un district rural à peu près quelconque de New-England. Il y verra que le temps n’y a que peu de valeur, parce que manque le pouvoir de le vendre.