Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/300

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plus bas, les manufactures ensuite, et le commerce — ce qui, pour elle, signifie le trafic et le transport — au dernier et plus haut rang. C’est le résultat nécessaire de ce que les professeurs excluent de leurs considérations toutes les qualités distinctives de l’homme — se bornant uniquement à celles qu’il a en commun avec les animaux des champs. À leurs yeux, comme nous l’avons déjà dit, il n’est rien qu’un animal qui doit procréer, être nourri, et qui peut être forcé, par rude nécessité, à travailler. En résumé, et en d’autres termes, il est l’esclave de ses appétits, et fait pour devenir l’esclave de son semblable. De là vient que toutes les doctrines de l’école tendent à l’accroissement du trafic et du transport, et que tous ses adhérents se réjouissent à chaque surcroît de nécessité de navires, et d’extension des villes, quoique chaque pas dans cette direction soit suivi d’un accroissement de centralisation, le précurseur infaillible de l’esclavage et de la mort.

La science sociale et l’économie politique des écoles sont ainsi les antipodes parfaites l’une de l’autre. En dissentiment sur la manière dont la société se forme, elles ne diffèrent pas moins sur les mesures nécessaires pour favoriser le développement de civilisation, et pour rendre l’homme apte à tenir dignement la haute position à laquelle il fut destiné dès le principe. Sur quoi nous avons jugé nécessaire d’étudier avec soin les phénomènes que nous présentent les diverses communautés des temps anciens et modernes, afin de montrer qu’en même temps que tous les faits de tout pays et de tout âge, sont en concordance exacte avec les doctrines par nous exposées, ils sont également en opposition avec celles qu’on enseigne généralement. L’un des deux systèmes doit-être de vérité absolue, et l’autre doit être tout aussi absolument et généralement faux. Il ne peut y avoir de milieu. De quel côté est la vérité, le lecteur peut désormais juger lui-même, — sans oublier, en réfléchissant sur le sujet, que tandis que l’un veut établir — comme résultat final de l’action des lois divines — l’élévation de l’humanité entière et la disparition graduelle de toutes les différences qui existent entre les portions les plus hautes et celles les plus basses de la race humaine, l’autre trouve ce résultat final dans la doctrine d’excès de population et dans la sujétion croissante de l’homme à son semblable.

Laissant au lecteur à réfléchir sur ces différences essentielles,