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inconvertible qui ont si longtemps remplacé l’usage des espèces. D’où coule tout cet or ? Des pays où les emplois ne sont pas diversifiés, de ceux où il y a peu de pouvoir d’association et de combinaison, de ceux où le crédit n’existe pas, de ceux enfin qui ne font point usage de cet instrument qui accroît si fort l’utilité des métaux précieux et que nous désignons ordinairement sous le nom de bank-note, billet de banque. Les métaux précieux vont de Californie — de Mexique — du Pérou — du Brésil — de Turquie — et de Portugal — les pays où la propriété monétaire ne se transmet que par la remise effective de l’espèce elle-même. — À ceux où elle se transfère au moyen d’un bon ou billet, ils vont des plaines de Kansas où les billets ne sont point en usage, à New-York et à la Nouvelle-Angleterre où il y en a — de Sibérie à Saint-Pétersbourg — de l’embouchure des fleuves africains à Londres et à Liverpool — et des gisements de l’Australie aux villes d’Allemagne où la laine est chère et le drap à bon marché.

§ 11. — Erreur de la Grande-Bretagne et des États-Unis de chercher à favoriser cet influx, au moyen d’une guerre contre les billets de circulation.

L’ensemble des faits manifestés dans le monde entier tend à prouver que tout article cherche le lieu où il a le plus haut degré d’utilité, et tous les faits qui se lient au mouvement des métaux précieux prouvent qu’ils ne font point exception à la règle. Les bank-notes augmentent l’utilité de ces métaux, et, par conséquent, les attirent et ne les repoussent pas. Néanmoins on voit les deux nations du monde qui prétendent le mieux comprendre les principes de commerce engagés dans une croisade contre les bank-notes ; et se flatter du vain espoir de donner ainsi à plusieurs pays plus de pouvoir d’attirer les produits des mines du Pérou et du Mexique, d’Australie et de Californie. En cela l’Angleterre suit l’exemple des États-Unis. — Les restrictions de sir Robert Peel étaient de date postérieure de quelques années à la déclaration de guerre contre les billets de circulation fulminée par le gouvernement américain.

C’est purement une absurdité, et elle a dû d’être adoptée par les États-Unis, à ce fait que leur système de politique tend à cette expulsion des métaux précieux, qui doit toujours résulter de l’exportation prolongée des produits bruts de la terre. L’administration qui adopta ce qu’on appelle le libre échange, fut la même qui inaugura le système de forcer la communauté à se servir d’or au lieu de billets, d’où ne tarda pas à résulter la disparition de la