Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/46

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un moment sous la forme d’aliment, à un autre sons celle de forme musculaire et intellectuelle, à un troisième moment sous celle d’arcs, de flèches, de canots, de navires, de champs, de maisons, de hauts-fourneaux et d’usines. Chaque augmentation de pouvoir sur l’instrument est suivi d’un accroissement correspondant du pouvoir de l’homme pour l’association, du développement de ses facultés individuelles, et de son pouvoir pour un progrès ultérieur. Chaque augmentation du pouvoir de l’instrument sur lui est suivie d’effets contraires, — le pouvoir d’association décline et il y a diminution constante de la vitesse de mouvement, du développement d’individualité, et du pouvoir d’accumulation ultérieure.

§ 3. — La proportion du capital mobile, relativement au capital fixe, va décroissant — et cette décroissance est un signe de civilisation en progrès. Le commerce se développe avec ce changement relatif.

Le sauvage vit errant sur d’immenses surfaces qui suffisent à peine à le nourrir, même à l’aide de l’arc et du canot. Un autre progrès de la société consiste à apprivoiser le bœuf ; on emploie la vache à convertir l’herbe en un aliment pour la consommation de l’homme. Comme le sauvage cependant, le pasteur vit errant, changeant de lieu avec son troupeau dès que l’herbe commence à manquer. Son capital consiste en tentes, bétail grand et petit, et autres utilités mobiles parmi lesquelles les plus importantes sont les armes qui servent à sa défense. Enfin, cependant il acquiert le pouvoir de contraindre la nature à faire le travail qu’il lui impose ; il devient laboureur et dès lors il trouve plus que par le passé une demande continue pour ses facultés. Forcé pourtant de cultiver les sols les plus pauvres, et de se tenir toujours en garde contre les attaques de ses semblables, nous le voyons presque partout occuper les pays montagneux et se donner beaucoup de peine qui n’est que peu récompensée. Avec le temps néanmoins — et ses instruments se perfectionnant — il se trouve en état d’aborder la culture de sols plus riches — dont le rendement paye mieux son travail. La dépense de ses forces que demande son entretien présant va diminuant constamment, tandis que d’un autre côté vont s’accroissant la proportion de travail qu’il peut appliquer à préparer la terre pour l’usage futur, et la vitesse avec laquelle son capital augmente.

Le rapport qui existait entre le capital mobile et le capital fixe tend désormais à diminuer de jour en jour. Le pouvoir de combinaison s’accroissant, la personne et la propriété étant mieux ga-