Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/49

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diants devaient venir de loin, s’ils voulaient se familiariser avec les enseignements d’un Platon, d’un Aristote, d’un moine Bacon, ou d’un Abeilard. La science, communiquée par eux, flottait à l’entour du monde ; des siècles s’écoulaient avant qu’elle pût être fixée de manière à servir aux progrès de l’humanité. Aujourd’hui au contraire, l’imprimerie a amené partout une égalité qu’on aurait eu peine à imaginer. Aujourd’hui que tout le monde lit, les découvertes d’Aragon, de Faraday ou d’Ehrenberg ne sont pas plutôt annoncées dans leur patrie que déjà les ailes du vent les transportent sur toute la surface du globe, jusque dans les contrées les plus lointaines où elles viennent servir comme de base à de nouvelles recherches ; tendant ainsi à mettre en tous lieux l’homme à même d’acquérir un degré de plus de pouvoir sur les diverses forces de la nature — et développant en même temps la tendance vers une plus complète égalité.

La tendance au progrès est en raison de la proportion croissante du capital fixe comparé au capital mobile. À chaque nouveau développement des forces de la nature, — à chaque nouveau marais drainé, à chaque nouveau et plus puissant sol soumis à la culture, — à chaque nouvelle mine et chaque nouveau lit de marne ou de chaux exploité, — à chaque nouvelle application de la force de l’eau au service du travailleur — l’attraction locale s’accroît et l’attraction centrale diminue ; et à chaque pas dans cette voie, le lieu qu’on habite a plus en plus de charmes, — la famille est apte à graviter autour de son propre centre, — l’individualité se développe de plus en plus dans la ville ou dans la commune, — la continuité de mouvement s’établit entre tous les différents groupes, avec accroissement de force en eux, et dans la communauté supérieure dont ils ne sont que des parties.

§ 4. — La centralisation élève la proportion du capital mobile — et ce changement est un signe de civilisation en progrès. Exemples que fournit l’histoire. Augmentation du capital mobile dans tous les pays actuels de libre-échange.

La centralisation tend à accroître la proportion du capital mobile et à diminuer la proportion du capital fixe. Le grand propriétaire foncier, s’il dispose d’une force musculaire, contraint le faible à travailler pour lui ; et le droit d’agir ainsi il le regarde comme une propriété susceptible d’être achetée et vendue. Dès hommes, des femmes, des enfants sont réduits à l’état de meubles ; et c’est alors que la valeur de la terre tombe presque à rien, comme c’est le cas dans l’Inde, la Jamaïque, la Virginie, la Caroline. Dans tous ces pays les produits du travailleur ont à passer