Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/63

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pour subir tout ensemble la dépendance des chances du négoce.

En prenant exemple sur la France, la population du nord de l’Europe s’est généralement protégée elle-même contre ce système. Il en est résulté : que les prix des matières premières et celui des utilités achevées ont été constamment se rapprochant — que l’or s’y porte rapidement — que la circulation sociétaire s’y accélère — que la proportion du capital fixé au capital flottant s’accroît constamment, — tous phénomènes qui sont les preuves d’une civilisation en progrès, conséquence de la résolution, une fois pour toutes, de faire toutes les avances nécessaires pour amener le consommateur à côté du producteur, et délivrer le fermier de la taxe ruinante du transport.

Guidés ou gouvernés par l’Angleterre, l’Irlande, la Turquie, le Portugal et les États-Unis ont refusé de faire l’effort, une fois pour toutes, qui les affranchirait de cette taxe oppressive et qui revient chaque jour. Le résultat se manifeste par ces faits : que les prix des matières premières et des utilités achevées vont constamment s’écartant l’un de l’autre — que l’or s’écoule au dehors — que la circulation s’alanguit — et que la proportion du capital flottant comparé au capital fixé s’accroît constamment — tous phénomènes qui sont les symptômes d’une civilisation qui décline.

§ 8. — Erreurs d’Adam Smith, au sujet de l’origine du capital.

L’industrie générale de la société, dit Adam Smith, « ne peut jamais aller au delà de ce que peut en employer le capital de la société. De même que le nombre d’ouvriers que peut occuper un particulier doit être dans une proportion quelconque avec son capital, de même le nombre de ceux qui peuvent aussi constamment tenir occupés tous les membres qui composent une grande société, doit être dans une proportion quelconque avec la masse totale des capitaux de cette société, et ne peut jamais excéder cette proportion. Il n’y a pas de règlement de commerce qui soit capable d’augmenter l’industrie d’un pays au delà de ce que le capital de ce pays en peut entretenir : tout ce qu’il peut faire, c’est de faire prendre à une portion de cette industrie une direction autre que celle qu’elle aurait prise sans cela, et il n’est pas certain que cette direction artificielle promette d’être plus avantageuse à la société que celle que l’industrie aurait suivie de son plein gré.[1] »

  1. Adam Smith, Richesse des nations, liv. IV, ch. 2,