où l’association existe, la consommation est rapide, et à mesure que s’accroît la première, la seconde suit de plus près la production, et s’accroît chaque jour, chaque heure le pouvoir d’accumuler. Pour devenir aptes à s’associer cependant, les hommes doivent posséder le pouvoir d’accroître leur approvisionnement de cette machine de composition, décomposition et recomposition qu’on appelle monnaie ; et ils ne peuvent l’avoir que si la balance du commerce avec les autres pays les met à même de l’acheter.
Selon À. Smith[1], « L’épargne et non l’industrie est la cause immédiate de l’accroissement du capital, » —erreur essentielle qu’ont reproduite la plupart des économistes depuis lors jusqu’à nos jours. L’idée qui prévaut généralement parmi eux est contenue dans cette courte sentence : « Les fortunes ne se forment et ne s’augmentent que par l’épargne[2]. » Ces mots résument les idées qui ont cours parmi les portions dégradées de la race humaine.
L’homme cherche le pouvoir de dominer et de diriger les forces de la nature ; et c’est précisément lorsqu’il acquiert ce pouvoir que les fortunes grossissent rapidement, et que le sentiment mesquin dont il est question vient à cesser. Arkwright, Watt ont acquis un pouvoir qui leur a valu d’amasser des fortunes — et qui, en même temps, a doublé la valeur des terres de la Grande-Bretagne. Est-ce là un résultat de l’épargne ? Chaptal, Fourcroy et Berthollet réussissent à dominer les grandes forces de la nature ; par là ils mettent leurs compatriotes à même d’améliorer leurs procédés de transformation ; par là ils contribuent largement au grand accroissement du capital foncier en France, dont nous avons parlé ailleurs. Est-ce là un résultat de la disposition à l’épargne ? More s’empare du pouvoir de diriger l’électricité, il acquiert une fortune ; mais y a-t-il là odeur de parcimonie ? Fulton enseigne aux hommes une application de la vapeur, qui peut les soulager de la taxe oppressive du transport — par là il ajoute d’incalculables millions à la valeur de la terre ; mais trouvons-nous là une manifestation de l’esprit de parcimonie ? Scott et Goethe ont possédé le pouvoir d’instruire et d’amuser leurs compatriotes. Ce fut là on capital qui leur servit à acquérir la fortune. La richesse consistant dans le pouvoir de diriger les forces de la nature, plus ce