Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 3.djvu/33

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continuelle de vous chercher, de retrouver, dans les yeux l’un de l’autre, le même sentiment, n’est-elle pas toujours un nouveau plaisir ?

Le CHEVALIER.

Il est vrai…

Le MARQUIS.

Que les obstacles se présentent sans cesse, & vous serez tous les deux presque constants. Que vous vous aimiez moins, & vous serez heureux. Te voilà bien surpris ?

Le CHEVALIER.

Je l’avoue.

Le MARQUIS.

Un amour trop fort anéantit la gaieté ; il fait perdre toutes les grâces de l’esprit : une première passion est comme l’eau d’un torrent, qui court rapidement se réunir à l’immensité des mers, pour éprouver des tempêtes ou un calme insipide. Les autres passions, plus légères, ressemblent à l’eau d’une fontaine, qui prend sa naissance entre les fleurs d’une prairie agréable, qui les caresse, se répand à droite & à gauche ; mais qui se réunit souvent & reprend plus de force, lorsque les obstacles se présentent. Quelle image est plus